Penser l’espace: Cartographie et poétique françaises et francophones au XVIIe siècle
Instructor: Katharina Piechocki
Language of instruction: French
Le cours s’ouvre sur cette observation que la littérature est intimement liée à l’imaginaire spatial : l’on « explique » et l’on « définit » un texte, alors que les poèmes consistent en « stances » (de l’italien stanza, « demeure ») et en « vers », du latin verto, associé à l’imaginaire du sillon et au mouvement de la charrue. Pourtant, des concepts comme celui d’espace, de lieu, de frontière et de territoire ne sont pas des catégories fixes, mais plutôt floues et malléables : leur signification diffère avec le temps et avec la culture à laquelle ils appartiennent. Notre imaginaire spatial, radicalement différent de celui de la première modernité, exige qu’on historicise la notion d’espace pour apprécier les textes littéraires de manière plus approfondie. Pouvoir s’orienter dans l’espace et se créer une identité dans des lieux plus ou moins familiers a toujours été une préoccupation majeure pour les écrivain.e.s qui inventent des espaces fictifs. Cette question est devenue plus urgente encore à l’ère de la première modernité, quand la cartographie a pris son essor comme nouvelle discipline humaniste, parallèlement à l’émergence de nouveaux genres littéraires. Ce cours se propose d’explorer ce lien protéiforme à travers les questions suivantes : Comment les liens entre l’espace, la géographie et la cartographie s’articulent-ils dans les textes littéraires? Quels modèles spatiaux (multiples, parfois contradictoires) ont informé la production des textes? Quel est le lien entre écriture et identité, qu’elle soit locale, nationale ou transatlantique? Comment une lecture « cartographique » des textes littéraires peut-elle s’avérer propice à l’analyse d’un imaginaire spatial genré et racialisé (en particulier, dans les colonies françaises)? Développé en quatre moments, ce cours débutera par l’étude des modèles poétiques et cartographiques antiques et médiévaux, toujours en vigueur au XVIIe siècle; il s’intéressera ensuite aux cartes allégoriques et à la création des utopies; puis à l’impact de l’avènement des nouveaux instruments scientifiques, tels le microscope et le télescope, sur l’invention de nouveaux genres littéraires focalisés sur la question de l’échelle (contes de fée, voyages dans la lune); enfin, il examinera les angoisses liées à la perte du sens de l’espace et de l’équilibre. Les principaux auteurs étudiés seront Madeleine de Scudéry, Fontenelle, Descartes, Cyrano de Bergerac, Corneille, Marie de Gournay, Racine, Maurice Bouguereau, La Fontaine, Madame de Lafayette, Samuel de Champlain, Madame de Murat et Madame d’Aulnoy.
Required readings:
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